Mathilde, 26 ans, est professeur de yoga chez Burpees Studio, salle de sport à Tours quartier des 2 Lions. Comment le yoga est entré dans sa vie et l’a transformée ? Comment il lui permet aujourd’hui de vivre à sa façon ce confinement qui s’impose à tous ? Rencontre avec Mathilde, la petite fille hyperactive devenue professeur de yoga.
J’étais une petite fille hyperactive
Je suis arrivé à Tours en 1999 avec mes parents quand j’avais 5 ans. Tous les deux restaurateurs à Paris ils voulaient, nous éduquer mon frère et moi dans un endroit un peu plus calme et aéré que Paris. Pendant plusieurs années ma mère faisait l’aller-retour à Paris tous les jours. J’ai des supers souvenirs de cette période car je l’accompagnais au travail le week-end pour servir les cafés et aider le chef à cuisiner. C’était surtout pour me canaliser car j’étais une petite fille hyperactive qui s’ennuyait tout le temps. Alors c’était ça où le sport. Je faisais toujours quelque chose, de la danse, de l’équitation, du dessin, de la lecture, ma seule angoisse c’était de ne rien faire. En grandissant c’est devenu plus facile car je trouvais plus d’occupations qui me permettaient de mieux gérer cet excès d’énergie.
C’est pendant cette année que j’ai commencé le yoga
À la fin du lycée je ne savais vraiment pas quel chemin prendre. Qu’est-ce que je voulais faire tout au long de ma vie ? Je suis curieuse, j’adore apprendre, j’adore découvrir et voyager. Du coup j’ai décidé de rentrer en bi licence droit langue espagnol. Mais finalement ce n’était pas mon truc ! Je faisais le boulot mais je ne m’épanouissais pas. J’ai alors décidé de tenter les concours d’orthophonie après un an de prépa.
Je prenais des cours de hatha yoga
C’est pendant cette année que j’ai commencé le yoga pour gérer le stress et la charge de travail. Je prenais des cours deux fois par semaine, des cours de hatha yoga hyper traditionnel bien loin de l’image qu’Instagram donne à la pratique. On bougeait d’abord chacune de nos phalanges en conscience sur le souffle, des salutations au soleil, postures debout, assises, inversée et une relaxation. C’est là que j’ai découvert que je pouvais me mettre sur pause. Le silence devenait de plus en plus confortable, le “rien faire » aussi. Puis le yoga a pris de plus en plus de place dans ma vie. Tous les matins je pratiquais à la maison, je mangeais différemment, pensais différemment. Ça n’a pas été un déclic, ni une décision, c’est venu progressivement pour finalement devenir mon style de vie sans que je m’en rende vraiment compte.
C’est là que j’ai décidé de faire du yoga mon métier
Mon projet d’orthophonie n’a finalement rien donné. Je n’ai pas été accepté à cause d’un problème ORL. Ça a été un peu le coup de massue car j’avais vraiment l’impression d’avoir trouvé une activité dans laquelle tous les aspects de ma personnalité pouvaient s’exprimer. Ensuite J’ai connu une période de transition pendant laquelle J’ai travaillé un an et demi à l’hôpital en tant que secrétaire. J’ai adoré cette période ! Ce job était un bon moyen de me poser, de faire du sport, de voyager et de réfléchir à mon avenir. C’est là que j’ai décidé de faire du Yoga mon métier.
J’ai décidé de partir en Inde pour apprendre le yoga
L’IPMS , une étape importante pour devenir prof
Alors après ces quelques temps à l’hôpital j’ai décidé de rentrer à l’IPMS avec une année de prépa. Je savais que je ne bosserais pas en tant que coach de fitness mais ça me semblait être une étape nécessaire pour devenir prof de yoga. C’est d’ailleurs à cette période que je me suis lancée dans le yoga en proposant des micros cours ou des petites relaxations à mes camarades de classe. Nous avions un rythme hyper soutenu au niveau physique en plus les révisions et ces petits cours nous faisaient du bien.
L’Inde pour une formation de 200h
Juste après le diplôme j’ai décidé de partir en Inde suivre une formation de 200h en hatha yoga et Ashtanga. J’ai pris mes billets d’avion pour Rishikesh et arrivée à New Delhi c’était comme une évidence. J’étais juste là où je devais être. Les formations de yoga c’est un truc qu’on devrait tous faire je crois.
Pendant 1 mois, 12 heures par jour, c’est toi. Toi dans ton corps, toi dans ton souffle, toi dans ta tête. On te transmet une philosophie, un mode de vie, que tu confrontes à tes expériences, tes valeurs et ça t’aide à faire ressortir qui tu es vraiment. Au fond, ça t’aide à déculpabiliser et à t’accepter. Tu apprends à avancer dans ce monde en traçant ta propre voie loin du conformisme qu’on attend de toi. Tu apprends à faire ce qu’il faut, à prendre les bonnes décisions, sans renoncer à qui tu es. Quand on t’enlève cette culpabilité et bah wahou ça laisse tellement de place pour faire bien.
Pratiquer le yoga pour l’apprendre
En rentrant d’Inde j’avais gardé un peu d’argent de côté pour me “lancer” à 10000% dans le yoga. J’ai commencé à intervenir dans diverses salles, auprès d’entreprises, de particuliers.
300h de stage intensif en plus
Au début c’était compliqué et ça ne prenait pas tout son sens mais c’était mon chemin. Ça a mis un peu de temps à se mettre en place. J’ai dû continuer les formations, près de 300 heures de stages intensifs, parce que le yoga s’apprend par la pratique. Pas besoin de le raconter, de l’expliquer, tu te poses sur le tapis, tu fermes les yeux, tu respires.
Je donne cours avec le sourire et une profonde envie
Cet apprentissage a pris deux ans et ça a tout changé. Ça a pris du temps mais maintenant je suis exactement dans les endroits qui me tiennent à cœur. Je suis hyper reconnaissante envers ces groupes avec lesquels j’évolue de semaines en semaines. J’apprends énormément et je vais en cours avec le sourire et une profonde envie et ça c’est un maxi cadeau.
Une vision du yoga que je transmets
Le yoga c’est faire avec ce que l’on est, ici et maintenant
L’idée du yoga que j’essaye de transmettre aujourd’hui, c’est que chacun fasse avec les bobos du jour, avec l’humeur et les pensées du jour. Il y a autant de postures que de corps alors d’abord c’est de l’écoute. On n’a rien à réussir ni à gagner mais on se doit de le faire. En conscience. « pratique, pratique, pratique et tout vient » comme dit l’une des profs qui m’inspire beaucoup. Et c’est vrai en fait, que ce soit par le mouvement, le souffle, la méditation fais le juste, avec ce que tu es tout de suite et maintenant. En cours j’essaie vraiment de développer cette idée . Ça aide à s’accepter, ça aide à se dépasser et à sortir de sa zone de confort, parce que c’est en dehors de cette foutue zone que tout arrive
Avec le yoga, le confinement, je m’en fais un cadeau
Cette vision je l’applique à la période que nous traversons. Le confinement je m’en fais un cadeau. Ça me donne le temps de pratiquer beaucoup, d’aller un peu plus loin dans ma pratique de la méditation mais ça me permet surtout le lâcher prise. Le temps est devenu un truc un peu bizarre qui n’a plus trop de sens alors je vais surfer cette vague. Lire quand j’ai envie de lire, faire du yoga, classer et surtout s’autoriser à ne rien faire. Se déculpabiliser de toute obligation morale entre soi et soi et vraiment être ok avec le fait de se mettre sur pause. J’espère qu’on ne connaîtra pas d’autres périodes de confinement, mais aujourd’hui nous n’avons pas le choix, alors faisons juste avec et respirons là où nous sommes. Juste respirer, s’écouter et amener le yoga en dehors du tapis.
Séance de yoga en live avec Mathilde
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