Marie, Morgan et leurs deux garçons, Sascha 11 ans et Liam 6 ans et demi, sont confinés ensemble depuis le 17 mars. Leur grand appartement du centre de Tours est devenu le refuge familial d’une vie habituellement trépidante. Tous ont dû ralentir, réinventer les journées et les moments partagés. Le temps s’est suspendu mais la vie se poursuit, autrement.
Motiver les enfants sur le roman de Renart
« Habituellement je ne suis pas là la moitié de la semaine entre la salle de sport à Paris et parfois à Biarritz, puis en rentrant à Tours les cours le week-end m’occupent bien aussi » les journées ont radicalement changé pour Morgan, athlète, coach et patron, comme pour sa famille depuis l’ordre de confinement du 17 mars. « On se lève plus tard le matin vers 8h, 8h30, on prend le petit dej’ en famille et Morgan part s’entraîner une partie de la matinée. Ensuite je m’occupe des devoirs des enfants ».
Je pète les plombs des fois
Marie, la prof de Pilates, coache désormais ses deux garçons et jongle entre le programme de 6e de Sascha et celui de primaire de Liam, « ça me prend une énergie folle, d’abord parce que ça demande énormément de temps et ensuite parce qu’il faut réussir à motiver les enfants sur le roman de Renart par exemple. Je pète les plombs des fois mais on s’accroche et on y va. » La matinée file à toute vitesse. Vers midi Marie s’attèle au repas et les enfants profitent de la première pause « écran » de la journée.
Et 1h30 à 2h30 de devoirs en plus…
« Je rentre de l’entrainement pour partager le repas en famille, un moment privilégié que nous offre le confinement, confie Morgan, et ensuite je vais faire une petite sieste post entraînement » Pendant ce temps Marie réattaque l’après-midi avec 1h30 à 2h30 de devoirs avec les enfants « Je viens l’aider en m’occupant de Liam une fois que j’ai bouclé tous les coups de fil que je dois passer pour faire tourner les équipes de coachs à Paris et à Tours et gérer les salles de sport dont je suis l’associé. Les clubs continuent de tourner car on doit proposer des cours en ligne aux adhérents et qu’il faut aussi gérer toutes les questions administratives ».
Tournoi de balle au prisonnier
En fin d’après-midi la famille organise une activité physique dans la cour privative de l’immeuble « le plus souvent c’est une balle au prisonnier, je me mets avec Sascha contre Morgan et Liam, s’amuse Marie, et d’autres fois on organise des trainings ».
Morgan un pro de la plancha
A l’heure du dîner, Marie s’affaire en cuisine souvent aider de Morgan devenu un pro de la plancha sur le balcon. Les enfants profitent d’une nouvelle pause « écran ». Vient l’heure du repas puis de la soirée « les mardis, vendredis et samedis soirs on reste en famille en mode plateaux télé, les autres jours on se les réserve pour nous deux, précise Marie. C’est important pour nous mais aussi pour conserver un rythme scolaire aux enfants ».
On regarde très peu les infos
« Au début de la crise Sascha était très inquiet notamment à cause des infos. Morgan et moi nous sommes plutôt détachés ce qui a permis d’alléger beaucoup les choses pour les enfants. On regarde très peu les infos et les journées sont bien occupées. On reste malgré tout informés de la situation mais sans le faire peser sur les enfants ».
Ils ont hâte de reprendre l’école
Pour Marie le confinement se passe bien pour Sascha et Liam bien qu’ils se disputent souvent et qu’il faut faire la police en permanence « ils arrivent malgré tout à jouer ensemble et quand le ton monte, pour eux comme pour nous, ça redescend assez vite puisque l’on sait tous qu’on doit rester ensemble. Ils sont occupés et la situation est en partie dépaysante pour eux mais ce qui leur manque le plus ce sont leurs potes et le basket notamment pour Sascha qui est en section sportive. En attendant il arrive à les retrouver virtuellement en ligne avec son casque de gamer. Mais bon ils ont hâte de reprendre l’école et de se dépenser avec des garçons de leur âge ».
Mes adhérents me manquent
Pour Morgan les enfants vivent mieux le confinement que les adultes « personnellement les 10 premiers jours j’étais stressé à cause du business des salles de sport. Il fallait gérer cette situation pour pas que les boîtes coulent. Ensuite les enfants ont une vie sociale moins active que nous. Nous voyons du monde tout le temps, les adhérents notamment ». Marie confirme « mes adhérents me manquent. Ils me parlent beaucoup de leur vie d’habitude, de leurs histoires et là plus rien. Cet échange me manque et je suis pressé de les retrouver. On a besoin de ce contact. Quand on va me dire de sortir je vais aller à mon travail sans me poser de question. L’autre jour la femme de Louis est passée sous nos fenêtres pour faire un coucou. Ça fait un bien fou. On a tous besoin de ça et vivement qu’on le retrouve ».
Nous n’avons pas peur
Marie prend le confinement très au sérieux : « on joue le jeu à fond. Je ne vais faire les courses que tous les 10 jours principalement par respect pour ceux qui doivent bosser et on en connait. Ils prennent des risques pour nous. Je trouve horrible que certains aillent faire leurs courses tous les jours ».
On se sent forts grâce au sport
A la question de la peur de la maladie Marie répond sans hésiter « on se sent forts grâce au sport. On le voit on n’a jamais autant parlé de sport partout. Aujourd’hui tout le monde fait la promotion du sport comme un rempart, une manière de se protéger et de mieux résister aux agressions extérieures ». Morgan acquiesce et se projette déjà dans l’après « on voit déjà que le business va évoluer. On revoit du fitness à la télé. Les gens vont se tourner vers nous, on va voir arriver de nouveaux pratiquants dans les salles. Il va falloir répondre présents. On a un rôle à jouer ».
Une parenthèse qui fait réfléchir
Ralentir, profiter de ce que l’on a construit
« Ce confinement arrive l’année où on n’avait jamais prévu autant de choses, ironise Marie, on devait partir au ski, Morgan avait un voyage de prévu à New York et moi au Vietnam. Pas grave tout ça n’est que partie remise ». Morgan, lui, prend ce confinement comme un signe du destin « on court depuis l’ouverture de Burpees il y a 5 ans et 2020 devait être l’année où on commençait à s’en sortir financièrement. Le confinement vient juste nous rappeler le virage que nous voulions prendre dans notre vie, ralentir, profiter de ce que l’on a construit simplement et arrêter de courir pour avoir toujours plus ».
Il y a une prise de conscience des gens
Morgan espère que les choses vont changer « quand on est dans des événements comme celui-ci, proche d’une guerre, je pense qu’il y a une prise de conscience des gens et on espère que les mauvaises habitudes ne reviendront pas. Nous, nous sommes déjà dans de la consommation locale même si comme tout le monde on peut parfois céder à la facilité d’acheter un truc qui vient d’Asie. Les gens vont peut-être se motiver pour acheter français, stimuler l’industrie et faire gaffe ».
Morgan craint que les gens aient du mal à revivre ensemble, à se faire la bise « on va aller vers plus d’hygiène mais j’espère aussi vers plus de solidarité et de simplicité ». Pour Marie c’est tout le contraire « les gens vont vouloir profiter de la vie ! ».
« Quand tout ça sera fini Morgan ira chez le coiffeur ! » s’esclaffe Marie. « Moi j’irai boire une bonne bière avec des potes » prévient Morgan.